Il y eu un bruit assourdissant. La terre trembla.
Pendant quelques instants, ce fut comme si le monde avait touché à sa fin. Quand le nuage de poussière redescendit, les mères affolées se précipitèrent au chevet de leurs enfants, et la ville s’affola.
C’est un fermier du coin qui découvrit le cratère le lendemain. Un trou béant sans aucune trace de vie, une monstruosité béante.
Nul n’aperçut les hommes et les femmes tapis dans l’ombre, effrayés, qui regardaient toute l’agitation de leurs yeux écarquillés.

Les journaux parlèrent de cette explosion, et de la comète qui semblait s’être volatilisée, puis ils trouvèrent d’autres sujets plus inquiétants. Après tout, personne n’était mort, et la Terre tournait encore.

Pourtant, la ville n'était plus tout à fait la même. De nouveaux visages avaient fait leur apparition, que l'on ne remarqua pas de suite. Des visages qui s'étaient retrouvés hébétés au creux du cratère béant dans la Terre, les visages terrifiés de ceux qui occupaient de nouveaux corps.
Une femme qui semblait encore adolescente, aux longs cheveux d'or, s'était relevée la première. Elle avait fixé ses mains si fragiles, sentit son cœur battant à tout rompre contre ses côtes et avait respiré pour la première fois, sentant la panique l'envahir.
Pourquoi sa taille était-elle si infime ? Que faisait-elle ici, pourquoi son corps semblait-il être celui d'une humaine ? Elle se tourna vers son guide, celui qui saurait répondre.
« Seigneur Zeus ? » avait-elle timidement questionné. « Je crois que nous avons un problème. »

Ils s’étaient sentis perdus. Ils n’avaient plus de force, et la magie les avait presque désertés. Ils ne connaissaient pas ce monde qui était pourtant le leur, et qui avait tout changé. Pourtant, ils se sentaient toujours eux-mêmes. Zeus, Hadès, Poséidon, Héra. Et tant d’autres encore, qui regardaient hébétés leurs nouveaux corps humains.
D’autres qu’ils ne connaissaient pas également, et qui avaient pour nom Thor, Odin, Horus, Bastet et Frigg. Une cinquantaine de dieux, perdus dans la campagne du Wiltshire.

Une cinquantaine de dieux déchus, sans maison, sans pouvoirs. Une quarantaine de ces grands immortels, à présent fragiles et cassants. Sans but, sans espoir, ils prirent la décision ensemble de se faire passer pour humains. Ils en avaient l’apparence, et ils seraient d’entre nous, jusqu’à ce que quelqu’un, quelque part, trouve une raison à tout cela.